"Newt Gingrich, enfin un vrai méchant"

Tiré de Le Monde

Citation :

On en jubile d'avance. S'il ne s'agissait d'une affaire aussi sérieuse que d'élire le "leader du monde libre", comme on dit - quoique de moins en moins - aux Etats-Unis, la perspective de voir Newt Gingrich devenir le candidat républicain à la présidentielle de novembre 2012 serait plutôt réjouissante.

Tant qu'à couvrir pendant un an la course de chevaux (le valeureux Obama parviendra-t-il à terrasser les méchants républicains ?) autant avoir un vrai méchant sous la main.

De ce point de vue, avec l'actuel favori Mitt Romney, la presse est plutôt sur sa faim. Le seul méfait à lui reprocher, déplore Gail Collins, du New York Times, est d'être parti en vacances au Canada avec le chien attaché sur le toit de la voiture. Et c'est une affaire qui a déjà été sortie en 2007...

Vive Newt !, donc, en espérant qu'il tienne un peu plus longtemps que les autres dans une primaire qui est devenue "la bataille des non-Romney", comme dit le Washington Post. Certains, d'ailleurs, prédisent déjà qu'il ne durera pas. Pas assez discipliné. Du temps où il était speaker de la Chambre des représentants, au début des années 1990, Gingrich était le plus grand révolutionnaire pourfendeur d'impôts que Washington ait connu.

Aujourd'hui, il fait quasiment figure de voix de la raison par rapport aux extrémistes du Tea Party. En 2009, il a tourné une publicité avec la démocrate Nancy Pelosi contre le changement climatique. Il a dit du bien du mandat individuel (l'obligation pour chaque Américain d'avoir une assurance-maladie). Et il ne s'oppose pas à toutes les réglementations fédérales : "Je préfère boire de l'eau propre que de savoir que mes petits-enfants pourront attaquer en justice après ma mort."

Newt est le diminutif de Newton. C'est de là, peut-être, que vient la hauteur de vues qui lui fait dire qu'il est "un think tank à lui tout seul". Quand il a fait l'objet de 84 plaintes pour manquement à l'éthique, en 1997, la commission parlementaire chargée de l'enquête a exhumé une note manuscrite où il se définit lui-même : "Gingrich. Mission principale : avocat de la civilisation. Enseignant des règles de la civilisation. Leader des forces civilisatrices"...

Il a grandi en France, où son père adoptif était militaire, et ne manque jamais de se comparer à de Gaulle, dont il espère copier le come-back d'homme providentiel. En rentrant, il a étudié l'histoire, et il est devenu professeur dans une petite université de Géorgie, avant d'être élu au Congrès. Le grand problème du Parti républicain, estime-t-il, "c'est qu'il n'encourage pas à être méchant". Les candidats sont invités à être gentils, loyaux, fidèles et "tous ces mots de boy-scouts qui sont parfaits autour d'un feu de camp mais minables en politique".

A 68 ans, Newt Gingrich aime à se présenter comme l'intellectuel de la classe politique. Il a signé vingt et un livres dont dix-sept dans les huit dernières années. A une époque où nul, de droite ni de gauche, ne se singularise par son originalité, il a des idées franchement inédites. Mettre les enfants pauvres à des postes de gardiens de sécurité dans les écoles, par exemple, pour leur apprendre la valeur du travail. En campagne, il se présente comme "le seul adulte" du camp républicain : "Si nous étions un pays sérieux, nous ouvririons assez de puits de pétrole pour faire effondrer les cours mondiaux, admonestait-il dans le dernier débat télévisé. Nous avons battu l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Japon impérial en trois ans et huit mois parce que nous pensions que nous étions sérieux."

Mais tout iconoclaste qu'il se prétende, Gingrich a des faiblesses d'une banalité confondante : l'argent et les femmes. Côté finances, il a empoché (entre autres) 1,8 million de dollars du géant des prêts immobiliers Freddie Mac, la bête noire de la droite pour son rôle dans la crise des subprimes (il a plaidé qu'il avait été consulté "comme historien").

Côté femmes, il a coutume de proposer le mariage sans s'être soucié de divorcer. Sa première femme l'a accusé d'être venu à l'hôpital où elle se remettait d'un cancer, lui faire signer les papiers du divorce. Il a trompé la seconde avec son assistante parlementaire Calixta (23 ans de moins que lui). Au même moment, il jouait les Père la vertu en dénonçant les agapes de Bill Clinton avec Monica Lewinski. Récemment, la chroniqueuse conservatrice Jennifer Rubin lui a décerné une "médaille d'or de l'hypocrisie".

A dix ans, Gingrich harcelait la mairie de Harrisburg, en Pennsylvanie, pour la convaincre d'ouvrir un zoo. Après avoir visité Verdun à 15 ans, il a voué sa vie à "comprendre ce qu'il faut aux peuples libres pour survivre". A 19 ans, il a épousé sa prof de géométrie de lycée, de sept ans son aînée. Il a toujours aimé les animaux (en mars, quand l'ours polaire Knut est mort au zoo de Berlin, il a adressé ses condoléances sur Twitter). Et il est resté fan de dinosaures bien au-delà de l'âge réglementaire.

"Il y a une large part de moi qui a toujours 4 ans, confiait-il l'an dernier au magazine Esquire. Je me réveille le matin et je sais que quelque part, il y a un cookie. Je ne sais pas où il est mais je sais que c'est le mien et qu'il faut que je le trouve. Ma vie est une étonnante partie de plaisir." Imaginez la nôtre quand les pubs de campagne vont dresser le portrait du grand méchant Newt.

Newt Gingrich a écrit:

Je me réveille le matin et je sais que quelque part, il y a un cookie. Je ne sais pas où il est mais je sais que c'est le mien et qu'il faut que je le trouve.

Tout le problème est dans le "c'est le mien", vu qu'il est le candidat de ces 1% qui mangent 99% des cookies et qu'il semble vouloir manger le dernier cookie restant.

Sinon, bah le grand théâtre des présidentielles américaines commence, sachant que les US comme les autres démocraties occidentales sont en fait aux mains des financiers et des lobbys, et que du coup le pouvoir de leurs présidents respectifs sont très relatifs.

Citation :

Gingrich a des faiblesses d'une banalité confondante : l'argent et les femmes.

Hin hin hin, ça rappelle rien du tout...

Y'a de la concurrence depuis une semaine :

Rick Perry a écrit:

I'm not ashamed to admit that I'm a Christian, but you don't need to be in the pew every Sunday to know there's something wrong in this country when gays can serve openly in the military but our kids can't openly celebrate Christmas or pray in school.
As President, I'll end Obama's war on religion. And I'll fight against liberal attacks on our religious heritage.
Faith made America strong. It can make her strong again.
I'm Rick Perry and I approve this message.

21,223 likes, 666,187 dislikes. Et une pluie de parodies (littéralement des douzaines en une semaine), don't j'ai seulement sélectionné celles qui ont fait l'effort de donner également une transcription.

Citation :

I'm not ashamed to admit that I'm an atheist, but you don't need to sleep in every Sunday to know there's something wrong in this country when Rick Perry can be openly homophobic but our kids can't openly celebrate evolution or learn science in school.
As a video blogger, I'll end Perry's war on reason. And I'll fight against conservative attacks on our rational heritage.
Logic made America strong. It can make her strong again.
I'm James Kotecki and I approve this message.

Citation :

I'm not ashamed to admit I have Imaginary friends. But you don't have to be on your knees every Sunday to understand that theres something wrong with this country, when blacks can vote and children can't openly make fun of homosexuals in our public school systems.
As President I will end women's Suffrage.
And I will fight against the liberal first Amendment.
War made this country strong. And it can make her strong again.
I'm not Rick Perry and I don't approve this message.

Citation :

I'm not ashamed to admit that I'm gay, but you don't need to be in the pew every Sunday to know there's something wrong in this Christian. As President, I'll fight against the military, faith, religion, Christmas or pray in school. Our kids can't openly celebrate Obama's war on Rick Perry. Gays!

Citation :

I'm not ashamed to admit that Im a A--hole, but you don't have to be a a--hole like me to realize that Christmas is under attack by the Gays.
As President, I will protect Christmas from the Gays
and teach children to hate all liberals and make up Bulls--it issues just to be an A--hole.
Hate made America wrong, it can make her wrong again.
I'm a a--hole and I approve this message.

Peuh! Ton candidat est ridicule! Il n'a même pas l'allure d'un vrai méchant. Le mien n'a pas peur de chercher à foutre encore plus de merde au Moyen-Orient!

Citation :

Newt Gingrich : les Palestiniens sont des terroristes

L'ancien "speaker" républicain de la chambre des représentants, Newt Gingrich, a précisé sa pensée à propos des Palestiniens. Assumant ses déclarations de vendredi selon lesquelles il s'agissait d'un "peuple inventé" et donc sans légitimité historique, M. Gingrich a profité du débat organisé samedi 10 décembre à Des Moines pour assimiler les Palestiniens, en bloc, à des "terroristes".

"Is what I said factually correct ? [sur la notion de peuple inventé] Yes. Is it historically true ? Yes. Somebody ought to have the courage to tell the truth. These people are terrorists. They teach terrorism in their schools. It's fundamentally time for somebody to have the guts to stand up and say : Enough lying about the Middle East." (Traduction : "Est-ce factuellement correct ? Oui. Est-ce historiquement vrai ? Oui. Quelqu'un doit avoir le courage de dire la vérité. Ces gens sont des terroristes. Ils enseignent le terrorisme dans leurs écoles. Il est grand temps que quelqu'un ait les tripes de se lever et de dire : assez de mensonges au Moyen-Orient".)

Une vision qui correspond à celle de l'extrême droite israélienne, mais qui n'est pas celle du premier ministre Benyamin Nétanyahou. Sans compter qu'il s'agit de "terroristes" financés en partie par les Etats-Unis avec l'aval du Congrès et qui ont leurs entrées à cette Maison-Blanche que Newt Gingrich souhaite occuper.

Oui, j'ai encore trouvé ça sur LeMonde.fr. Et sachant que l'Iran a menacé de représailles si les américains soutienne Israël pour une action armée, et que le boucher de Syrie est en état de paranoïa sur tout risque d'ingérence dans le massacre de son peuple, je connais un mec qui est prêt à déclencher un feu qui risque de se tourner en petite troisième Guerre Mondiale (ok, j'exagère une peu... Je crois).

Wow.

On devrait chacun se trouver un candidat et les inviter à un dîner de cons. J'aurais bien aimé la cuvée 2007 :

Vermin Supreme, le démocrate qui veut offrir un poney aux Américains



Ah, les Etats Unis...

Citation :

Les principales mesures de son programme? Instaurer une loi fédérale sur le brossage des dents, fournir un poney à chaque habitant et combattre la dépendance au pétrole grâce aux zombies (en «laissant pendre» des cerveaux devant eux afin de les appâter pour leur faire faire tourner des turbines, selon CNBC).

Il me rappelle un gusse du premier avril sur les forums de Blizzard :

Đeathwing a écrit:

Dear Adventurers of Azeroth,

It has come to my attention that certain organizations, who shall remain nameless (Wyrmrest Accord, for one) have (Argent Crusade, too) tried to paint me (the Horde and the Alliance, come to think of it)(you know, I think pretty much everyone) in the worst light possible.

They claim that I will lay waste to Azeroth with fire and FIERY PITS OF LAVA and storms and oh-so-much mayhem and destruction.

Nothing could be further from the truth. I am not a destroyer. I am a creator. You all just happen to be standing on my canvas. I'm sure you can see that, if you just move a few hundred leagues away from your cities and towns, things will work out for both of us.

You will all see. My design is grand, the scope enormous. The world will be a much better place, I am certain, if we just tweak things a little here and there, like a few hundred thousand dragon eggs or the beaches of Darkshore. I mean, you guys wanted some water in Thousand Needles. I'm giving it to you!

If you disagree with my plans, just put a little note in the box. I'll be sure to read each and every one of them. Just don't come pounding on my door and make a mess of things. Don't send your armies against me, don't run screaming to the Kirin Tor. We can all live peacefully, together, in this great new world that I designed.

I will even give you a pony.

Now I shall take my leave of you. You have given me much in these few, short hours, including troll meat, carcasses, and the chance to sing. Until we meet again, brave souls, until we meet again.

Sincerely,
The Artist Formerly Known As The Destroyer
___________________________________________________________________________________________________
Black Dragonflight MVP (Really!)
*Note: The denizens of Azeroth and the dragons of the Wyrmrest Accord may take exception to this. Pay them no heed.

Đeathwing a écrit:

After due consideration, I have discovered that there is no satisfying everyone with only one pony.

In the interest of everyone (and, largely, myself) I have decided to offer you a chance to discover which of my many ponies is right for you!

http://www.hasbro.com/mylittlepony/en_US/discover/meet-the-ponies.cfm

Laser eyes? Fiery wings? Molten scales? I'm sure those are in there, provided you answer openly and honestly.

Once Cat - I mean the redecorating - happens, feel free to come right to my doorstep. Just you. No friends, and certainly not the Kirin Tor. Leave your weapons at the front gate, and your precious little pony will be waiting for you just inside.

Past the FIERY PITS OF LAVA!. Don't worry about there not being enough ponies. Half of you will remain standing in the fiery pits for whatever reason while it burns you alive, screaming for a priest or something called a 'drood' to rescue you. Your safety is entirely up to you.

(For those of you here for something other than the pony or the phat lewts, such as joining my vision of a new world, please take the second door to the right. No one ever seems to come out of the other door. I'm sure it's because of the ponies. Yes, you will still get a pony of your own. It will just be cooler.)

To you that dare challenge my dreams of a better tomorrow, the only thing I can say is: You're gonna need a bigger boat. And one that's lava-proof. I don't know why the ponies won't convince you, but I'm not bad, I'm just drawn that way. Besides, we all go a little mad sometimes - haven't you?

/bow

Sincerely,
The Artist Formerly Known As The Destroyer
___________________________________________________________________________________________________
Black Dragonflight MVP (Really!)
*Note: The denizens of Azeroth and the dragons of the Wyrmrest Accord may take exception to this. Pay them no heed.

Bon, oublions un instant les histoires avec Deathwing pour nous recadrer sur le sujet du topic : Newt Gingrich.

Bon, ben hier soir, il a obtenu la Californie du Sud (ce qui semblait impossible au vu des sondages), lui faisant une base d'appuis assez intéressante.

Rappelons au passage que ce mec a des idées superbes comme:
- exploiter les ressources minières de la Lune (J'imagine pas le prix du voyage en fusée. Sans tenir compte qu'on va foutre les marées en l'air, les cycles lunaires, et... ah, ben aussi dévier l'axe de la lune, la faisant peut-être s'écraser sur la Terre).
- dire que les Palestiniens sont un peuple inventé (Politique étrangère, je t'aime!).
- faire travailler les enfants pauvres, pour leur inculquer la valeur du travail (parce que forcément, les enfants riches ont déjà ça dans l'ADN).

Metavy a écrit:

dire que les Palestiniens sont un peuple inventé

Et terroriste, n'oublions pas.

Ceci dit, y'a des gens pour corroborer cette thèse, hein :

Citation :

En 1947, à la demande des Juifs vivant en Palestine, et qui voulaient que le “foyer national” juif originellement promis voie enfin le jour, les Nations Unies ont voté la partition du Mandat résiduel. À ce moment, un mouvement pour créer un “État palestinien” n’existait toujours pas. Nul ne parlait de “nation palestinienne”. Nul n’a parlé de “peuple palestinien” avant que la notion soit inventée, dans la deuxième moitié des années 1960, et la population arabe “palestinienne” a été très largement constituée d’immigrants arabes venus des pays voisins et aimantés par le dynamisme créé par les immigrants juifs.

L’invention du peuple palestinien eut, et a toujours, un dessein très clair : la volonté politico-existentielle de détruire l’État d’Israël.
Personne n’a à chercher à savoir si un groupe a le droit d’exister – et ceci est valable, bien sûr, pour chaque nation, à la seule condition qu’elle ne maintienne pas une identité exclusivement en opposition à un autre peuple, dans une volonté génocidaire.

Le droit de vivre n’a pas à montrer ses papiers.
C’est l’amour de la mort qui doit désormais fournir ses preuves.

Comment le peuple palestinien fut inventé - Editions David Reinharc.

Et c'est reparti en Floride. Gingrich et Romney s'en mettent plein la tronche à coup de publicité visant à dénigrer... Non, pardon, à insulter et traîner dans la boue leur adversaire. Et le pire, c'est que c'est normal.

Bon, n'oublions pas qu'on est habitué à cette pratique depuis un moment, à tel point qu'il y a même des experts en parodie de ce genre de pub : http://www.colbertsuperpac.com/episodeiv-anewhope/index.php