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 Freud doit mourir

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Metavy

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MessageSujet: Freud doit mourir   Freud doit mourir I_icon_minitimeSam 8 Mai - 7:34

Bon, voyant cet article et ne pouvant faire d'édito nul part, je vais me lâcher ici :

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/05/07/la-planete-psy-dans-tous-ses-etats_1348004_3232.html#

Alors, en étudiant à droite à gauche les avis des lecteurs (ou non-lecteurs) sur ce bouquin (et les précédents) de Michel Onfray, force est de constater que nous avons affaire à des gue-guerres entre pro-Freud et anti-Freud/anti-psychanalyse. Je m'en vais donc prendre mon clavier pour clarifier quelques points et espérer fournir des informations intéressantes sur le sujet (comme quoi, ça m'aura servi à un truc de réviser mes cours pour les exams).

On crie par ci "Freud a fricoté avec les anti-sémites", et par là "Freud est un escroc doublé d'une ambition mégalomane aggravée". Et pour ça, on demande la remise en question entière du système psychanalytique. Pourtant, si on regarde d'anciennes figures de la psychothérapie, ce serait une belle connerie de faire cela.
Parlons donc de Mesmer (alias Jésus II), un type du XIIIème siècle qui prônait que le "Fluide" était une énergie qui coulait en chaque être humain, et que toutes les maladies (ou plutôt La maladie) découlait de là. Il a testé le magnétisme avec des minéraux avant de se rendre compte que des patients guérissaient aussi avec de simples touchers ou des passes à distances (vous voyez le prestidigitateur faire "Abracadabra" à deux mètres du chapeau magique ?). Résultat, il invente le magnétisme animal, et va mettre toute une pratique organisée autour pour les soins. On retiendra des trucs bien de ses idées (le début de la psychothérapie, les relations psy/patients, la musicothérapie, etc...), même si il y avait pas mal de conneries dedans, et même si dans sa vie, il a fait des trucs pas très honnêtes, a failli brisé des vies et a rejetait à tel point le monde médical que aucun de ses patients ne prenaient de médocs et pouvaient claquer d'un gros rhume en hiver.
Faire pareil avec la psychanalyse sous prétexte que Freud n'est pas un modèle d'être humain parfait, c'est tout aussi stupide. Le débat et complètement à côté de la plaque à partir de ce moment-là.

Passons ensuite à une autre critique : le débat "Qui est à la base de l'idée d'inconscient ?". Non mais là, on s'en carre aussi l'oignon. A l'époque de Freud, y a eu Janet qui a aussi eu des idées dans le genre (Janet, grand rival méconnu de Freud). Et Freud reconnaît s'être parfois inspiré à la base de ses idées chez Brunner (enfin, un nom dans le genre, je suis plus sûr à 100%).
Et maintenant, petit comparatif en épistémologie des sciences (ou plutôt, en "comment la science s'est faite"). En observation, on note trois choses chez un objet : "QUOI", c'est-à-dire ce qu'il est. "COMMENT", c'est-à-dire comment ça fonctionne. "POURQUOI", c'est-à-dire la finalité de l'objet. Pendant des siècles, le POURQUOI a été un grand problème dans la science, notamment dans l'idée de l'existence ou non d'une finalité dans la nature. En partant de Bacon pour arriver à Voltaire, en passant par Spinoza, Leibniz ou bien Descartes, on a eu du pro-finalisme dans la Nature, et de l'anti-finalisme dans la Nature. Et là arrive Kant. Si y a un truc de bien dans toute sa littérature indigeste, c'est le "als ob", un principe qui a permis d'arrêter de se prendre la tête avec le finalisme dans la Nature : on ne peut pas savoir si il y a réellement un finalisme dans la Nature, mais la science va faire comme si, afin de pouvoir poser des hypothèses. Cet énoncé a tout simplement révolutionné la façon de penser scientifique.
Alors, si on retourne au cas de l'inconscient, on se fout dans le fond que ce soit Nietzsche ou Freud qui ait proposé en premier cette idée. L'important, c'est les topiques freudiennes, notamment la première qui a permis de présenter une structure qui contiendrait l'inconscient et pourrait en expliquer certains attributs et certaines compétences. Tout comme le "als ob", cela a révolutionné l'étude psychologique (surtout si on couplera plus tard avec la seconde topique). Donc Freud n'est pas un pauvre con qui a juste piqué les idées de Nietzsche, et dire qu'il n'est pas le premier à avoir imaginé un inconscient dans la pensée ne justifie pas qu'on remette en cause toute son oeuvre et ce qui en a découlé.

Passons à un autre point, l'utilité d'une psychanalyse. On trouve toujours quelqu'un pour dire que c'est de la merde, que c'est inutile et qu'en parlant à ses chaussettes chaque soir pour décharger sa mauvaise humeur, on a pas a payé un con qui nous écoute sans rien dire, ce qui reviendrait au même, mais en plus cher. Bon, ben cet avis est scientifiquement faux. Pourquoi ? A cause des rapports patients/psys.
Remarqué chez Mesmer, le Marquis de Puységur et l'abbé Custadio de Faria, il y a un lien entre la guérison et le rapport thérapeute/patient. Charcot va expliquer cela avec le "Faith-healing" : la foi qui guérit. L'important dans les thérapies comme l'hypnose, le magnétisme animal, le somnambulisme artificiel, la psychanalyse ou autre, c'est que la patient doit avoir la conviction ferme que cela peut (et va) marcher. Charcot a d'ailleurs fait une analogie avec les pèlerinages. Le pèlerin y croit, il se prépare à l'avance, va devoir faire un sacrifice (notamment financier) et devra parcourir tout un chemin. La difficulté d'un pèlerinage fait que celui qui le pratique jusqu'au bout en aura limite fait une obsession et aura dû fermement s'y accrocher pour réussir. Résultat, il croit à fond à la réussite du pèlerinage. Et donc, il peut guérir (des maladies psychosomatiques, pas des maladies somatiques, hein. Le pied ne repousse pas. On peut juste guérir de la paralysie qu'on avait à cause d'une hystérie).
Dans le cas de la psychanalyse, la base n'est pas de parler à quelqu'un ou quelque chose, mais de croire qu'on peut guérir à travers la parole et la quête de ses problèmes psychologiques. Après, le reste del a psychanalyse tient des démarches et idées freudiennes, et ça, c'est toujours changeable quand on aura démontré qu'il y a mieux (changer la durée d'une séance, l'approche par rapport à l'attitude envers le patient, etc...).


Bref, j'espère que j'ai pu intéresser quelqu'un, et surtout qu'on évitera de tomber dans les réflexions stupides et décalées que peuvent organiser les polémiques autour d'un bouquin de la part d'un type qui cherche à détruire Freud et la psychanalyse depuis un peu de temps, et ce en tapant parfois sur ce qui n'a rien à voir avec les psychothérapies.
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MessageSujet: Re: Freud doit mourir   Freud doit mourir I_icon_minitimeLun 10 Mai - 20:16

Quelques commentaires.


Metavy a écrit:
Alors, en étudiant à droite à gauche les avis des lecteurs (ou non-lecteurs) sur ce bouquin (et les précédents) de Michel Onfray, force est de constater que nous avons affaire à des gue-guerres entre pro-Freud et anti-Freud/anti-psychanalyse.
Une guerre de commentaires anonymes et souvent véhéments entre des gens qui ne maîtrisent pas leur sujet ? Ce n'est pas le phénomène le plus incongru qu'on puisse trouver sur internet, et à mon humble avis une telle manifestation est assez indépendante du sujet. Ceci dit, c'est bien que tu aies répondu ici plutôt que de donner un coup d'épée dans l'eau là-bas.


Metavy a écrit:
On crie par ci "Freud a fricoté avec les anti-sémites", et par là "Freud est un escroc doublé d'une ambition mégalomane aggravée". Et pour ça, on demande la remise en question entière du système psychanalytique.
Je suis tout à fait d'accord d'accord avec l'idée que l'argumentaire d'aujourd'hui, très "Nouvelle Critique", consiste à attaquer l'auteur dans le but invalider l'oeuvre. Certains devraient apprendre à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain (moi le premier, je sais). Freud a effectivement travaillé avec des collaborateurs au Reich, tels que Carl Gustav Jung ; mais ce qu'on oublie de préciser, c'est que Jung était un agent secret des Alliés qui étudiait le régime nazi pour mieux le faire tomber.


Metavy a écrit:
Parlons donc de Mesmer (alias Jésus II), un type du XIIIème
XVIIIème.


Metavy a écrit:
On retiendra des trucs bien de ses idées (le début de la psychothérapie,
Je pense que la psychothérapie a démarré le jour où un chaman a soigné par incantation un membre de sa tribu. La psychanalyse, c'est une autre question.


Metavy a écrit:
Passons ensuite à une autre critique : le débat "Qui est à la base de l'idée d'inconscient ?".
Les plus anciennes traces qu'on ait de l'idée d'une entité psychique, faisant partie de l'individu mais recevant des informations et prenant des décisions qui échappent à la conscience, datent de Plotin (un philosophe romain). Mais de manière générale, la possession diabolique est un précurseur théorique de l'inconscient, la seule nuance se situant dans l'origine du phénomène (interne ou externe au sujet). Une guerre de primauté de l'idée au XVIIIème/XIXème n'a donc que peu de sens.


Metavy a écrit:
Non mais là, on s'en carre aussi l'oignon.
Tout à fait d'accord ; ce d'autant plus qu'aucun d'entre nous ne peut revendiquer la pérennité d'une idée ad hoc. Warcraft s'est inspiré de Warhammer, qui s'est inspiré de Donjons & Dragons, qui s'est inspiré de Chainmail, qui s'est inspiré du Seigneur des Anneaux, qui s'est inspiré de la mythologie scandilnave, qui s'est inspirée d'Herbie la chèvre de l'espace, etc...


Metavy a écrit:
On trouve toujours quelqu'un pour dire que c'est de la merde, que c'est inutile et qu'en parlant à ses chaussettes chaque soir pour décharger sa mauvaise humeur, on a pas a payé un con qui nous écoute sans rien dire, ce qui reviendrait au même, mais en plus cher. Bon, ben cet avis est scientifiquement faux. Pourquoi ? A cause des rapports patients/psys.
Cet avis n'est pas "scientifiquement faux" ; il n'est tout simplement pas scientifique, donc ni vrai ni faux d'un point de vue scientifique à moins que le contraire ne soit démontré. Et les rapports patient-psy ne pouvant ni être objectivés, ni quantifiés, cela risque d'être difficile.

Afin de poursuivre la logique des décisions de l'amendement Accoyer, les différentes méthodes de psychothérapie ont été jugées par auto-évaluation des patients sur leur propre état après X séances. La psychanalyse a obtenu des résultats catastrophiques, tandis que les théparies cognitives comportementales (TCC) montraient des signes des progrès séance après séance. S'en suit une réforme profonde des Masters de psychologie clinique en France, menacés dès lors qu'il sont placés sous le champ de la psychanalyse. Un de nos professeurs les plus éminents part à la retraite pour voir son poste remplacé par un enseignant en TCC, et la moitié du semestre que je viens de passer a consisté en des cours des psychologie du développement (!). Donc non, les rapports patients/psys ne suffisent pas à "démontrer scientifiquement" l'utilité de la psychanalyse ; comme en témoigne son déclin dans les facultés de sciences humaines.

Sidenote - Si les TCC montrent des signes d'amélioration rapide chez le patient, et bien que je ne remettre pas en cause leur légitimité quand il s'agit de corriger à court terme des comportements dangereux pour la patient et/ou pour les autres, il ne s'agit que de dressage pur et simple qui ne règle pas de problème sous-jacent, et qui est promu comme solution unique dans la logique d'efficacité, de rapidité, de traitement de masse peu onéreux du gouvernement actuel (ce qui est assez ironique, quand on pense que Sarkozy a lui-même suivi une psychanalyse). On ne s'est bien évidemment pas penché sur le taux anormal de rechute des patients TCC, parfois dans d'autres symptômes.


Metavy a écrit:
Dans le cas de la psychanalyse, la base n'est pas de parler à quelqu'un ou quelque chose, mais de croire qu'on peut guérir à travers la parole et la quête de ses problèmes psychologiques. Après, le reste del a psychanalyse tient des démarches et idées freudiennes, et ça, c'est toujours changeable quand on aura démontré qu'il y a mieux (changer la durée d'une séance, l'approche par rapport à l'attitude envers le patient, etc...).
Comme je l'ai sous-entendu dans mon exemple chamanique de tout à l'heure, le "faith healing" dont tu parles n'est pas la base de la psychanalyse, mais de toute psychothérapie en général. C'est justement "le reste" qui définit la psychanalyse en tant que champ psychothérapique distinct. Et ce reste n'est pas simplement la recherche d'une méthode optimale obtenue par une démarche scientifique... qui ne peut pas avoir lieu.

Les psychanalystes ne sont pas d'accord entre eux depuis les origines de leur discipline, multipliant les écoles et les courants théoriques, parce qu'ils ne peuvent pas démontrer qu'ils ont raison et que les autres ont tort. Freud lui-même possède un argumentaire implacable : si t'es pas d'accord avec mes concepts, c'est juste que tu les refoules - or la science se fonde sur le principe réfutabilité, ce qui n'est pas le cas dans une pensée aussi dogmatique. Le problème, c'est qu'admettre que la psycha n'a pas de fondement scientifique signifierait ébranler ses chances de continuer à être enseignée dans le système universitaire (ce qui est une vaste plaisanterie pour moi : est-ce qu'on va fermer les facs de lettres, de philo et de théo sous prétexte du caractère spéculatif des opinions qui y sont développées ?). Du coup les profs ont essayé de convaincre le ministère, fini par se convaincre eux-mêmes peut-être, mais certainement essayé de le faire avec nous, que la psychanalyse possède des racines épistémologiquement fiables et a parfaitement sa place parmi les sciences humaines.

Je suis contre.

Le problème de notre société est que la science a sacrifié Dieu (au sens large du terme, le mystique, ce qui échappe à notre compréhension), et que les praticiens d'aujourd'hui, par pression sociale, ont une honte certaine d'avouer : "bien qu'elle soit en collaboration avec le monde scientifique, la psychanalyse en elle-même n'a pas grand chose de scientifique ; c'est une discipline intuitive que nous pratiquons parce que nous avons le sentiment inexplicable qu'elle est juste".


Dernière édition par Paladin le Mar 11 Mai - 13:12, édité 12 fois
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MessageSujet: Re: Freud doit mourir   Freud doit mourir I_icon_minitimeMar 11 Mai - 6:28

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